La Bâtie Montsaléon : Mons seleucus, Vicus et sanctuaire gallo-romain du Buëch
Le village, des vestiges sous les pieds !
Vue générale
La Batie Montsaléon est située dans la vallée du Buëch, au Nord de Serres.
Actuellement le village est perché en priorité sur la colline.
Toutefois les fouilles réalisées depuis 1804 à l'initiative du Baron J-C-F Ladoucette alors préfet des Hautes-Alpes ont mis à jour une grande activité romaine dans la plaine (Cf. ci-contre).
L'examen des données archéologiques relatives à ce site conduit à penser qu'il s'agit d'un
vicus auquel est associé un
sanctuaire contemporain de caractère indigène. Connu surtout en Aquitaine, ce type d'agglomération paraît bien représenté en gaule Narbonnaise.
Vue de la vallée de Mons Seleucus au premier plan ; à gauche, on devine le lit du Buëch ; dans le fond (au Nord) les massifs du Dévoluy.
La Bâtie Montsaléon : Mons seleucus, Vicus et sanctuaire gallo-romain du Buëch - Le village, des vestiges sous les pieds !
Les champs du premier plan contiennent des vestiges non encore mis à jour. Des études aériennes permettent de deviner les tracés des constructions.
Voici des urnes funéraires découvertes au hasard de travaux de terrassement.
Toutes deux sont en plomb, celle de gauche devait enfermer les restes d'un personnage aisé car elle a une forme plus recherchée et présente des décorations.
À droite détail agrandi de la décoration.
La Bâtie Montsaléon : Mons seleucus, Vicus et sanctuaire gallo-romain du Buëch - Des travaux en 1804
Au cours des fouilles réalisées sous l'égide du préfet Ladoucette, de nombreux dessins ont été exécutés par Janson. La plupart des dessins représentaient des statues en bronze, comme les exemples ci-dessus. Malheureusement, les objets ont disparu la plupart du temps : collections privées ? vente sauvage ? C'est à chaque fois une partie de la vie d'un village, d'une vallée qui s'en va…
À gauche, le dessin devenu symbole de l'association « Les amis de Mons seleucus » qui milite pour que perdure la mémoire de la vie du village, mémoire orale, certes, et surtout protection des vestiges.
La Bâtie Montsaléon : Mons seleucus, Vicus et sanctuaire gallo-romain du Buëch - Les travaux en 2004 : deux siècles après...
En 2004 "Les amis de Mons Seleucus" ont organisé un grand rassemblement pendant trois jours. C'est un programme riche en animations, culture et vulgarisation auquel nous avons eu droit :
- Présentation filmée des travaux réalisés, notamment depuis 1990 ;
- Exposition d'objets et du texte des études réalisées ;
- Visite du village organisée en suivant un jeu de questions (primé par un voyage à Naples) ;
- Association avec les artistes de la vallée du Buëch qui ont montré leurs œuvres, quelques fois avec les romains pour modèles !
- Un atelier initiation aux fouilles pour les enfants.
- Enfin le sculpteur Eugène a gravé le bicentenaire dans la pierre, objet qui sera conservé par l'association.
La Bâtie Montsaléon : Mons seleucus, Vicus et sanctuaire gallo-romain du Buëch - Deux siècles après... grande fresque collective
Cette grande fresque restera également en souvenir du bicentenaire. Elle est l'œuvre d'artistes confirmés et débutants qui ont apporté toute leur énergie pour que perdure la mémoire...
Les fana (temples) de la Plaine de Lachaud à La Bâtie Montsaleon (Hautes-Alpes) - Une fouille archéologique de l'INRAP en 2010
La Bâtie-Montsaleon est un village bâti à l'emplacement de la mansio (relais de la poste romaine) de Mons Seleucus connue par l'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem écrit en 333 et surtout par de vastes fouilles menées en 1804 à l'initiative du préfet Ladoucette puis par d'autres dégagements en 1840.
Les fana (temples) de la Plaine de Lachaud à La Bâtie Montsaleon (Hautes-Alpes) - Une fouille archéologique de l'INRAP en 2010
Depuis le XIX
e siècle, aucune recherche étendue n'avait été réalisée.
La fouille réalisée par l'INRAP (Institut National de Recherches en Archéologie Préventive) avant la construction de bâtiments a permis de dégager sur 2000 m
2 un quartier d'habitat et plusieurs fana.
Un fanum (
pluriel fana) est un temple de tradition celtique qui a connu une longue descendance à la période romaine. En effet, les cultes gaulois ont perduré à côté du culte impérial et des cultes orientaux (Cybèle, Mythra).
Les fana (temples) de la Plaine de Lachaud à La Bâtie Montsaleon (Hautes-Alpes) - Une fouille archéologique de l'INRAP en 2010
Un long mur, probablement le péribole des temples, sépare un secteur domestique de la zone cultuelle.
Le fanum le plus ancien, ainsi que certains murs, installés probablement autour du changement d'ère, répondent à une orientation différente du reste de la ville. Pour la première fois ces recherches ont permis de repérer ce changement dans l'orientation de la cité antique qui semble répondre à une nouvelle phase de construction.
Deux plans d'urbanisme successifs sont probables. Ce premier fanum connaît d'importantes transformations dues à la création du péribole. Le lieu de culte est abandonné, assez tôt, au tournant des II
e/III
e siècle.
Un second fanum au plan complet a été dégagé sur l'emprise. Il s'agit ici, dans les deux cas, de petits édifices de moins de 10 m de côté et de forme grossièrement carrée.
Vue aérienne du site fouillé lors d'une construction envisagée.
Les fana (temples) de la Plaine de Lachaud à La Bâtie Montsaleon (Hautes-Alpes) - Une fouille archéologique de l'INRAP en 2010
Un second fanum au plan complet a été dégagé sur l'emprise. Il s'agit ici, dans les deux cas, de petits édifices de moins de 10 m de côté et de forme grossièrement carrée. D'autres édicules moins caractérisés occupent l'aire sacrée. La présence de nombreux éléments :
=>miroirs en bronze poli,
=>monnaies,
=>jetons,
=>rouelles,
=>micro céramiques,
soulignent la vocation cultuelle du site.
Les fana (temples) de la Plaine de Lachaud à La Bâtie Montsaleon (Hautes-Alpes) - Une fouille archéologique de l'INRAP en 2010
Un habitat formé de petites pièces autour d'un patio selon le modèle de la maison méditerranéenne a également été dégagé en bordure des temples.
Au delà, la proximité d'un très vaste sanctuaire de 50 m de côté, interprété grâce aux photos aériennes, confirme l'importance de la vocation cultuelle du site. On estime la surface totale de la cité de 12 à 15 hectares.
La fouille de la Plaine de Lachaud prouve qu'elle a été occupée pendant toute la période romaine du milieu du I
e siècle avant JC au début du V
e siècle de notre ère.
La ville semble ensuite totalement abandonnée, elle n'a pas connu le destin d'autres cités alpines comme Embrun, Gap ou Sisteron qui sont devenues, par la suite, des évêchés et ont perduré en tant que ville. Peut-être que la vocation cultuelle païenne de Mons Seleucus a été une des causes de sa disparition.
Cette fouille a fait l'objet de visites guidées lors de la journée du 5 juin 2010, elles ont concerné 150 personnes. Des reportages ont été diffusés sur FR 3 ainsi que dans la presse régionale.
Remerciements :
À la mission de l'Office de Tourisme Intercommunal du Serrois pour la documentation photographique, notamment R. Declercq pour sa collaboration.
Textes de ces pages : L. Martin responsable de la fouille.
Les fana (temples) de la Plaine de Lachaud à La Bâtie Montsaleon (Hautes-Alpes) - Une fouille archéologique de l'INRAP en 2010 : EXPOSITION
Inaugurée le 1
er avril 2016, cette exposition ne restera pas longtemps en place à la Bâtie Montsaléon !
C'est l'occasion de visiter les diverses pièces collectées depuis deux cents ans, d'imaginer la vie dans ce Mons Seleucus grâce à la présence d'une maquette réalisée à cet effet...
