Pour ou contre ?
Le Bersac, août 2021
On l'a bien vu, ce prédateur, ce matin du 8 août 2021, vers 6 h du matin, sur le flanc de la montagne de Revuayre. L'éleveur a pu constater son passage dans son petit troupeau : cinq bêtes gisaient, à terre, inanimées fraîchement abattues, égorgées. Un peu plus à l'écart, sept bêtes ont été retrouvées, également égorgées. Puis, en faisant les comptes, il manquait à l'appel encore quatre brebis. Cela fait environ vingt pour cent de perte pour un troupeau d'un peu moins de cent têtes.
À partir d'une action pareille, le propriétaire du troupeau ne peut que souhaiter la disparition d'un tel prédateur. Pourtant, à cette solution radicale, d'autres apportent le démenti suivant : le loup est une espèce à protéger, on peut vivre avec, il faut bien qu'il se nourrisse, etc.
Je vous propose quelques pistes de réflexion, sachant qu'il sera (serait) difficile de trouver des terrains d'entente, voire un consensus. Simplement l'écoute des uns et des autres peut permettre de comprendre et les uns et les autres...
Un peu de rappel
Généralité
Mammifère de la famille des canidés qui comprend outre le loup, le coyote, le chacal, le renard, le dingo, le dhole et le chien domestique.
Nom scientifique : canus lupus. Le loup est le nom générique qui présente plusieurs espèces :
-Le loup de Sibérie
-Le loup arctique
-Le loup gris commun (Canis lupus lupus) qui est présent en France.
La protection des loups est décrite dans la Convention de Berne du 19 septembre 1979, reprise par les Directives européennes du 21 mai 1992 et du 27 octobre 1997.
Le loup animal symbole
«-Loup y es-tu ? Que fais-tu ?» entend-on dans les cours de récréation. Très jeunes, les enfants sont confrontés au loup, animal dont l'évocation est faite afin de les motiver à obéir ! La part du loup depuis des siècles est source d'histoires.
Du «Petit Chaperon rouge» à la bande dessinée «Sylvain et Sylvette» le loup est présent, dans des rôles pas toujours à son avantage. Le fabuliste La Fontaine a utilisé le loup dans plusieurs de ses fables, notamment dans «Le loup et l'agneau», pour ne citer que la plus connue, sans oublier «Le loup, la mère et l'enfant» où le loup joue le personnage menaçant invoqué afin que l'enfant soit sage et obéissant.
Nous avons eu droit aussi à la présence du loup dans les écrits provençaux : «La chèvre de monsieur Seguin» en est un parfait exemple mis en scène par Alphonse Daudet depuis son moulin...
Sa cruauté et son appétit sanguinaire sont mis en avant depuis les temps anciens. La Bible mentionne peu l'animal. La religion chrétienne plaque sur son comportement un jugement moral de méchanceté et en fait un symbole du Diable. Jusqu’au Moyen Âge, il est, sur le terrain du mal, en concurrence avec l’ours. Mais avec l’extinction de ce dernier, le loup règne en maître dans les contes. Il représente le danger dont il faut se méfier. Face à lui, les victimes doivent se montrer rusées ou se font dévorer « toutes crues ». Cependant, la ville de Rome ne doit sa création (753 avant J-C) qu'à une louve allaitant Rémus et Romulus.
L'expression «à la queue leu leu» montre une forme de déplacement semblable à ce canidé, tandis que politiquement, il a été avancé que «l'Homme est un loup pour l'Homme»... «Les loups sont entrés dans Paris» nous assure Serge Reggiani dans une de ses innombrables et magnifiques chansons aux textes parfaitement ciselés.
Des arguments
Les éleveurs
Le loup tue environ 1% du nombre total de brebis. Cette perte fragilise les troupeaux. La présence du loup est incompatible avec l'activité d'élevage.
À l'échelle internationale, le cani lupus n'est pas une espèce menacée, il est classé préoccupation mineure depuis 2004 de la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation des la nature.
Les attaques imputées au loup sont effectivement en augmentation en France : 6 786 bêtes ont été tuées en 2013, contre 5 848 bêtes en 2012 et 4 920 en 2011, selon les chiffres provisoires (pour 2013) de la Direction régionale de l'environnement Rhône-Alpes, qui comptabilise les attaques au niveau national.
Des statistiques
Le pourcentage d'attaques reste extrêmement faible : 0,2 % des brebis ont été touchées (soit 2 sur 1 000). En comparaison, quelque 400 000 brebis meurent chaque année au niveau national de maladies, d'accidents sur les alpages, de la foudre, selon les estimations de France Nature Environnement. "Le loup peut, certes, être une contrainte de plus pour les éleveurs et les bergers, mais il ne représente pas une menace économique pour l’élevage ovin, qui doit faire face à des difficultés bien plus importantes", estime l'association. Par ailleurs, la moitié des brebis françaises finissent dans le circuit de l’équarrissage, selon FranceAgriMer.
Des actions
« Oui, les éleveurs protègent leurs troupeaux, mais le loup s’adapte » : Le loup est effectivement un animal intelligent. Mais les éleveurs sont loin de tous protéger leurs troupeaux – souvent en raison de pâturages difficiles d'accès ou trop vastes. Ainsi, en 2013, 1 434 contrats de protection avaient été engagés par des éleveurs avec financement partiel par l'État et l’Union européenne. Ce qui reste peu lorsque l'on sait que les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Rhône-Alpes, les plus touchées par les attaques, comptent à elles seules 6 000 exploitations, selon les chiffres du ministère de l'agriculture. "La cohabitation est aujourd'hui difficile en France car le savoir-faire face aux loups s'est perdu. Les éleveurs protègent moins leurs troupeaux que par le passé", estime Geneviève Carbone, ethnozoologue.
Ailleurs ?
Cela ne se passe pas bien avec les loups dans les autres pays européens. En Roumanie (où vivent 2 500 loups), en Espagne (2 000 spécimens) et en Italie (entre 500 et 800), les attaques de cheptel sont plus rares qu'en France. "Les loups n'ayant jamais disparu de ces pays, les éleveurs et populations y sont habitués", explique Farid Benhammou. Mais il est vrai qu'en Espagne, la cohabitation crée quelques tensions dans les nouvelles zones de colonisation du loup."
Utilité des Alpages
Tant les ovins que les loups sont nécessaires aux écosystèmes des régions. "S'il n'y a plus de moutons en alpage, ce sont 300 à 400 espèces végétales et animales qui disparaîtront en une dizaine d'années", estime le Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée (Cerpam). L'entretien des alpages par les éleveurs préserve le paysage de l'envahissement par les broussailles, prévient les feux de forêt, limite le danger des éboulements.
Le loup, quant à lui, est considéré comme un régulateur écologique. "En s'attaquant d'abord aux animaux malades ou plus faibles, il contribue à la bonne santé d'une espèce et peut éviter des épidémies. Il aide par ailleurs à réguler les surplus de jeunes sangliers ou cervidés, qui peuvent menacer les forêts", explique Jean-François Darmstaedter, secrétaire général de Ferus, association de protection des loups.
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Des arguments se trouvent également sur le site du Groupe des anciens maires des hautes-Alpes, sur cette page à la suite d'une enquête auprès des maires Hauts-Alpins.
D'autres arguments pour ou contre existent certainement. Cet article ne se veut pas complet. Toute argumentation venue par l'intermédiaire de la page contact de ce site pourra s'ajouter à la suite, si vous le désirez.
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